J’ai pas beaucoup de souvenirs de ma vie avant le divorce. Je sais juste que je n’ai pas beaucoup pleuré quand je suis parti. Je savais que j’avais toujours été le préféré de mon père, et ça, je n’étais pas le seul. Tant et si bien que j’étais haï par ma nombreuse fratrie. Sauf mon jumeau. On était toujours ensemble, et pourtant. Lui était le joli cygne blanc, et moi, le vilain petit canard que tout le monde repoussait. 

Quand mon père s’est cassé, il est parti avec moi, et puis c’est tout. J’ai pleuré mon frère, mais personne d’autre. Je vomissais le reste de ma famille. Ma mère y comprit. Je leur en voulais terriblement de m’avoir ainsi mit de côté, au point même que j’ai finis par me haïr moi-même. Mes années d’école au Japon étaient terribles. Et puis, il faut croire que mon père était mieux avec sa maîtresse belge, alors j’ai atterri en Belgique, un beau matin, alors que je ne parlais pas un mot de français.

Mais, c’était pour moi la façon de renaître, d’avoir un renouveau, et de recommencer de zéro. Je n’aurai pas deux fois cette chance, et je le savais pertinemment. Alors, j’ai décidé de changer, et de devenir celui que je suis aujourd’hui. Avenant, souriant, et amical. Quelqu’un que les gens ont envie de fréquenter, et malgré la barrière de la langue, ça a marché. C’est d’ailleurs à ce moment que j’ai rencontré Chloé, ma meilleure amie. C’était les plus beaux moments de ma vie. Connerie en connerie, délire en délire, et puis encore tellement plus de chose. On était de vrais gamins, et on s’est suivi jusqu’à ce que je remette les pieds au Japon. Mon père et sa maîtresse s’étaient séparés, et mon père voulait rentrer. Chose qui arriva seulement quelques jours après son désir. 

Une fois rentré au Japon, abattu, j’ai demandé à mon père de continuer le théâtre, passion qui m’avait saisie lors de mon arrivée en Belgique. Par chance, je fus repéré, et j’ai commencé à me produire pour le Label des Tôgashi. Aujourd’hui, je suis un acteur de renom, idole des jeunes, chanteur et mannequin.