« Bonjour !
Je m'appelle Keiko Chiba et l'on me surnomme Kei. Je suis née le vingt-huit Octobre 1985 à Osaka, ce qui me fait 29 ans. Je suis une femme. Je suis hétéro et actuellement mariée. Mon principal défaut est mon sang chaud et ma qualité majeure est ma franchise. »

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Je suis une femme de taille moyenne haute, pour une japonaise (1m69). Je suis très menue de constitution, mes formes sont à peine perceptibles (même après ma grossesse). J'ai les traits fins et lorsque je ne porte pas de maquillage j'ai vraiment l'impression d'avoir un visage d'enfant. Souvent on trouve que j'ai le regard froid, et, tout au contraire, certains le trouvent envoûtant. Et si l'on me trouve un air sévère, ça ne m'empêche pas de me présenter comme étant une personne qui sait être souriante.

Bon, autant le dire dès le départ, j'ai un sacré caractère. En effet, à partir du moment où j'acquis l'usage de la parole, mon caractère fut déterminant. Enfant, j'étais colérique, et quand maintenant encore je perds patience il m'arrive d'être remise à ma place par mes proches comme alors. Il est vrai d'ailleurs que j'ai certains côtés immatures, comme mon impatience, mon sang chaud, ou mon incapacité à arriver là où je suis attendue à l'heure (ce qui exaspère mon mari). J'ai tendance à dire ce que je pense et penser ce que je dis, autrement, ça ne marche pas. L'hypocrisie, ça va deux secondes, et dans mon école d'art, j'ai pu en voir dans toutes ses variantes possibles et imaginables.
Je suis une personne qui a les idées bien claires, et ma détermination se fait voir non seulement dans mes excès d'impatience, mais aussi à travers mon calme presque stoïque face à des situations problématiques. J'ai toujours eu le plus grand respect pour mes élèves, et je ne tolère pas de manque de respect de leur part ; c'est donnant, donnant. Mais mon rapport à eux n'est pas toujours dans la sévérité, je sais être parfois (un peu trop) indulgente, et quelque peu protectrice. Je considère mon métier comme une vocation, j'y suis dévouée, acharnée et jamais la fatigue n'a de emprise sur moi quand il s'agit du travail. Je n'ai pas peur de me lancer, de partir à la découverte de nouveaux cadres de travail, et ceci est le premier pensionnat dans lequel j'enseigne (je n'ai connu que des écoles publiques sans élèves internes jusqu'ici). Mais j'ai toujours un petit coup de mélancolie avant de quitter une classe, je dois l'admettre.
La description de ce caractère qui est le mien pourrait vous faire croire que je suis à moitié (ou complètement) schizophrène, mais ce n'est pas le cas. Un peu lunatique, à la limite ! Mais bon, ce fort caractère me fait souvent passer pour une excentrique auprès de mes collègues, et une folle auprès de mes élèves. Voyez un peu le tableau !

Alors, pour essayer d'être bref, voici l'essentiel à savoir sur mon background.
Je suis née l'aînée d'une famille nombreuse plutôt modeste. Mes parents avaient tant voulu avoir un petit garçon qu'ils s'y sont pris par cinq fois pour voir enfin (et in extremis) leurs vœux comblés. On peut dire que la naissance du petit Hiromitsu tient du miracle, et ce n'est que le début d'une personnalité très forte. Mon petit frère, mon petit protégé de douze ans mon cadet, est devenu ces dernières années une star internationale, un acteur de grande renommée déjà, du haut de ses 17 ans. Pour ce qui est de mes sœurs, je ne les ai pas vues depuis un petit moment déjà. J'ai assez souvent de leurs nouvelles, mais chacune de nous a vraiment sa petite vie maintenant. Elles sont restées, pour la plupart, dans la maison familiale pour finir leurs études. Elles et moi n'avons pas toujours été dans les meilleurs rapport du monde. Disons que pour des sœurs, nous avions certes nos hauts et nos bas, mais ça restait tout de même dans le cadre de la correction e du respect les unes envers les autres.
Mon enfance, survolons-la. J'ai été gâtée jusqu'à mes deux ans, année lors de laquelle ma première petite sœur voyait le jour et ma vie de fille unique finissait à jamais. S'ensuivirent alors le début de mes crises colériques, l'émergence de mon caractère franc et rude dans son expression, la manifestation de mon sang chaud. Enfin une réaction à peu près normale de la part d'une petite enfant. 
Mes jours au lycée ont été les plus formateurs car c'est à ce moment que j'ai découvert ma passion pour le dessin et que j'ai commencé à persévérer chaque jour sur l'amélioration de mon coup de crayon. Un jour un professeur m'a conseillé de me diriger vers une école d'art et c'est à ce moment que ma vie a basculé à la vitesse supérieure. En deux ans à l'école des arts visuels de Nagoya j'ai préparé mon entrée aux Beaux Arts de Tokyo où je fus reçue avec mention et félicitations sur mon dossier. J'emmenai mon jeune frère avec moi dans ce périple, mon entrée à l'école m'offrant une ample bourse j'étais à même de devenir la tutrice de mon Hiromitsu qui avait alors seulement neuf ans. Grandir dans une ville comme Tokyo a été pour lui une expérience très bénéfique sinon essentielle à son épanouissement, et au mien aussi, d'une toute autre manière par contre. Car c'est au cours de ma deuxième année que j'ai rencontré Akitaka, qui devint six ans plus tard mon merveilleux mari. Il était venu donner une conférence dans le grand amphithéâtre de l'école et bien que l'accès à la conférence fût réservée aux élèves de master et chercheurs, mes amis et moi avions pris place en même temps qu'un groupe de master 1 très bruyant pour faire diversion. Et quand je le vis, là, en haut de son estrade j'eus l'impression que ses mots m'étaient adressés. Il parlait de Hayao Miyazaki avec une telle franchise et beaucoup d'intérêt pour son sujet d'argumentation que je me décidai à aller le rencontrer à la fin de la session. J'attendis sagement que les derniers questionneurs s'éloignent de l'estrade pour monter à mon tour avec les quelques questions que j'avais préparé en attendant sur le bout d'une feuille. Il avait vu tout mon petit jeu et m'avait enfin proposé d'aller prendre un verre le lendemain après m'avoir laissé lui poser mes questions-prétexte. Le contexte de cette rencontre a fait que pendant les premiers mois de nos entrevues il pensait encore que j'étais une élève de master, il m'était complètement sorti de la tête que la conférence ne m'était pas du tout destinée au départ.
Plus tard je me suis rapidement diplômée et j'ai reçu mon premier emploi au sein de l'école publique professionnelle des métiers du visuel et de la production artistique en périphérie de Tokyo. Et les offres se sont enchaînées si bien que je n'ai jamais eu l'occasion de dépasser les deux ans dans la même école. 
Et l'année dernière, avec l'arrivée du printemps, Akitaka et moi emmené à la maison avec nous, après deux journées et une nuit blanche dans une chambre d'hôpital notre fils Toma (le portait de son papa !)

Me voilà donc partie pour une aventure au sein du pensionnat au milieu de tout ça.