En cette fin d'après-midi, Kaemon s'était installé par terre dans la cour, à l'abri des regards. Caché par des arbustes, le garçon se sentit plus à l'aise pour dessiner ses états d'âme.

Pour tout dire, il ne se sentait pas au meilleur de sa forme. Il était assez optimiste et garder le moral mais il y avait des jours où sourire était presque devenu douloureux. Néanmoins, il tenait bon. Il garder à l'esprit que les mauvais moments de sa vie était derrière lui. Il essayait même de se voir chanceux. Tout arrivé pour une raison et chaque épreuve qu'il avait entourées l'avait rendu plus fort et l'avait changé. Il n'était plus le même et il préférer le garçon qu'il était devenue. Malgré tout, aujourd'hui il se sentait assez mal.

 Le soleil descendait dans le ciel au même rythme que son sourire fondait sur ses lèvres. Les sourcils froncés, il dessina frénétiquement sur son carner. Lorsqu'il était d'une humeur maussade, il ne pouvait pas s'empêcher de dessiner des moments de l'accident. Une voiture. Une petite fille. Du sang. Un garçon en pleure.

Ces dessins-là représentaient les mots que Kaemon avait toujours été incapable de prononcer. Ce n'était pas le genre de dessin qu'il garde pour ses cours d'art, plutôt ceux qu'il cacher, tel un journal intime écrit dans une langue que seul lui comprenait.

Rancoeur, culpabiliser, haine, peur. La peur était sans doute l'émotion qu'il avait le plus marquée. Il ne voulait plus jamais ressentir ça.

Avant ce jour, il n'avait jamais pensé qu'une souffrance mentale pouvait l'atteindre physiquement. Comme si son coeur avait été ouvert et que ses larmes étaient du sang.

 Le garçon secoua la tête et se força à sourire. Il avait été fort pour ses parents. Il avait été fort pour sa soeur. Ça devait continuer. Il ne pouvait pas se permettre d'être hanté par des fantômes du passé.

Il continua son esquisse. Il représentait un visage. Un garçon dont les traits était déformé par une multitude d'émotions négatives. Le visage de Kaemon, lui, était serein.

Alors qu'il était plongé dans ses pensées souvenirs, le garçon fit percuter par quelque chose de dur. Cette chose était d'ailleurs humaine car en peu de temps elle se releva. Abassourdit il regardait la jeune fille à la chevelure blonde prendre son carnet. Il lui fallut un temps de réaction bien trop longtemps pour comprendre que la jeune fille avait l'intention de prendre en photo son travail. Il se leva rapidement, récupérant son carnet, espérant qu'elle n'ait pas eu le temps de prendre un cliché de cet autoportrait de lui plus jeune.

"Ça ne vaut pas le cout de gaspiller un bout de ta pellicule." lança calmement Kaemon.

C'était le genre de dessin qu'il ne pas montrer. Il ne voulait pas que sa soeur voie cette esquiche et comprenne que son coeur n'avait pas totalement guéri. Il avait toujours souffert mais ne pouvait pas lui montrer. Elle était toujours choquée par son accident qui avait eu lieu deux ans auparavant et elle était devenue muette. Parfois elle accepte de lui parler mais ce n'était pas toujours le cas. Il était hors de question que Kaemon rajoute du poids sur ses frêles épaules.

"Tu n'as rien de casser ?" demanda le garçon poliment.

Il se doutait bien qu'elle n'avait pas dû véritablement se blesser car 1) Il avait amorti sa chute 2) elle c'était précipité pour prendre une photo de son dessin. Par conséquent soit elle n'était pas blessée, soit elle était maso. Mais il valait mieux prévenir que guérir alors Kaemon s'inquiet pour elle.

"Moi je vais bien." précisa-t-il afin d'accentuer le fait qu'elle ne se soi ni excuser, ni soucier de lui être tombé dessus.

Après une chute des plus spectaculaire, Hanna s'était presque jetée sur un dessin qu'elle avait trouvé non loin du garçon sur qui elle avait trébuché. Mais alors qu'elle s'apprêtait à prendre ce dessin tellement émouvant en photo, l'inconnu le récupéra en précisant calmement que cela ne valait pas le coup de gaspiller un bout de pellicule. Elle était de toute évidence d'avis avis totalement contraire puisqu'elle ne gâchait jamais la moindre partie de pellicule, considérant que le peu de choses qui attiraient son attention méritait d'être photographié, mais néanmoins elle ne broncha pas. Elle se contenta de se laisser retomber sur ses fesses, en laissant un regard pensif se poser sur le carnet recelant l’œuvre. Elle était nulle en dessin et n'y connaissait absolument rien. Mais en revanche elle était bien placée pour comprendre que parfois, on a pas envie de partager ses créations avec les autres et qu'on préfère garder pour nous les émotions qui en émanent.

Elle détacha son regard du carnet quand elle entendit le jeune homme lui demander si elle n'avait rien de casser. L'étudiante mit un certain temps pour comprendre qu'il faisait sans doute allusion au fait qu'elle était tombée et que donc, elle aurait pu se blesser. Elle secoua simplement la tête en guise de réponse pour lui signifier qu'elle n'avait mal nulle part quand il précisa que lui allait bien. Elle ne pu s'empêcher de pencher légèrement la tête sur le côté en fronçant un peu les sourcils dans sa réflexion car elle ne comprenait pas pourquoi il lui disait une telle chose alors qu'elle n'avait rien demandé. Plus précisément, elle ne comprenait pas le message qu'il essayait de lui faire passer. Mais elle décida de ne pas en tenir compte et se laissa tomber en arrière pour s'allonger par terre, ses cheveux blonds se mélangeant autour d'elle avec l'herbe. Elle colla à nouveau son appareil photo devant ses yeux et prit un ou deux clichés du feuillage.

Elle lança un coup d'oeil en biais pour voir la réaction du garçon. Après tout, la plupart des gens dessinait dans une salle, sur une table ou tout au plus sur un banc de l'école. Elle avait déjà aperçu un ou deux élèves qui dessinaient sur le toit. Mais tomber littéralement sur quelqu'un qui dessine dans un endroit aussi incongru que celui-ci. Mais entre lui et Hanna, qui avait l'air le plus étrange : celui qui se cache pour dessiner, ou celle qui prend les arbres en photo sans remarquer ce qui se passe autour d'elle ?

La jeune fille n'insista pas pour prendre en photo le dessin de Kaemon et se dernier lui en était reconnaisant. Visiblement elle n'avait pas comprit l'ironie dans sa phrase lorsqu'il annonça qu'il allait bien. Il laissa tomber. Lui qui aimait bien utilisé cette méthode pour faire comprendre des choses en douceur devrait se retenir en la prescence de l'adolescente.

"Drôle d'androit pour prendre des photos, non ?" repondit-il du tac au tac.

Il ne trouvait pas particuliérement étrange de dessiner dans la cour. L'air extérieur pouvait l'inspiré. Il se sentait plus libre. Ayant était "enfermé" dans une chambre d'hopital pendant deux ans pour rester avec sa soeur, Kaemon commencait à avoir du mal à rester à l'intérieur. Il n'était pas vraiment claustrophobe mais plus le temps passer et plus être dans une pièce l'éttoufé et l'agacé. Mais après tout, peut-être que pour elle un dessinateur devait restait skotché à un bureau ?

"Je m'apelle Kaemon Kitahara." dit-il en s'inclinant afin de se présentait.

L'adolescente était-elle nouvelle ? En tout cas il ne l'avait pas vu auparavent. Elle nevait sans doute d'arrivé au Japon car visiblement elle n'était pas Japonaise. D'ailleurs, peut-être était-ce pour ça qu'elle ne comprenait pas son ironie. Chaque pays avait ses coutumes et expressions.

Alors qu'elle lui avait posé une question plutôt rhétorique, le garçon sur qui Hanna avait trébuché un peu plus tôt lui répondit directement en lui retournant la même question, au sujet des photos cette fois. Elle lâcha un très léger sourire, appréciant la répartie du jeune homme. Bien que, malgré ce qu'il pouvait en dire, il était plus logique pour elle de prendre des clichés à l'extérieur, capturer la nature et toutes les merveilles qu'elle peut offrir, plutôt que de dessiner dans un endroit aussi inconfortable. Mais après tout, chacun avait ses préférences et elle était bien mal placée pour le juger.

Elle s'était remise à prendre le feuillage juste au-dessus d'eux quand le garçon parla à nouveau. Plus précisément, il venait de se présenter, avec l'inclinaison typique du pays. Elle le fixa quelques secondes en battant des paupières. Malgré tout le temps qu'elle avait pu passer au Japon, elle ne comprenait pas pourquoi ses habitants avaient toujours la manie de se présenter et elle comprenait encore moins en quoi cette façon de s'incliner était plus respectueuse qu'une poignée de main ou une simple formule de politesse. Mais puisqu'elle vivait ici, elle devait se plier aux coutumes qui allaient avec, au risque de s'attirer parfois l'antipathie de certaines personnes comme ça avait pu arriver par le passé.

Quand elle sortit enfin de ses pensés, elle arrêta de le fixer et secoua la tête, puis se redressa afin d'être bien assise sur ses genoux et elle s'inclina convenablement pour se présenter à son tour.

La voir aussi respectueuse était une chose rare, mais elle ne put pas tenir plus longtemps : elle prit une position beaucoup moins conventionnelle et s'allongea à moitié, légèrement penchée vers l'arrière avec une pointe de nonchalance, retenant le poids de son corps grâce à un coude qu'elle avait posé à terre. Elle entreprit alors d'enlever quelques brins d'herbes qui s'étaient pris dans ses cheveux jusqu'au moment où elle aperçut une étrange forme dans le feuillage. Bien évidement elle se remit à faire des photos. Mais elle ne put s'empêcher de jeter un coup d’œil vers le carnet où était dessiner le visage si expressif qu'elle avait eu l'occasion d'apercevoir.

Elle avait bien comprit qu'elle ne pourrait pas prendre le dessin en photos, mais ils pouvaient bien en parler non ? S'il était bel et bien en Art Visuel, il n'était pas improbable qu'ils aient déjà partagé un cours d'option, peu importe s'ils étaient dans des classes différentes, comme cela arrivait parfois depuis la rénovation de certaines salles dans tout le pensionnat. Elle posa alors son regard sur le visage du jeune homme pour essayer de se rappeler si elle l'avait déjà vu. Chose difficile puisqu'elle ne faisait que rarement attention aux gens qui l'entouraient. De plus, pour quelqu'un comme Hanna, tous les japonais se ressemblaient beaucoup trop, à tel point qu'elle avait du mal à les différencier et même à deviner leurs âges. Et visiblement, Kaemon ne dérogeait pas à la règle.