"Les princes existent...mais seulement au rayon biscuits !"[Sam & Kaemon]

"Avant le déménagement ?" demanda Kaemon sans comprendre.

Ça faisait tout de même un bon moment qu'elle joue de la guitare. Après tout ce temps elle devait quand même bien se débrouiller. Elle était certainement trop dure envers elle-même.

"Eh bien, tu devrais me faire écouter ça un jour." dit-il.

Personne dans sa famille ne jouer d'instruments de musique. Son père était un avocat, sa mère chirurgienne. Sa soeur faisait de la danse et lui commençait du dessin. Et même si Kaemon ne s'était pas découvert un talent pour l'art, il n'aurait certainement pas fait de musique. Il n'était clairement pas doué pour ça. À l'époque, il était plutôt tenté par le sport. Il aurait même pensé intégré l'école en tant que sportif mais l'accident de sa soeur avait changé ses plans.

"Je présume donc que tu es dans la section musique du pensionnat ?" lança-t-il.

Il ne restait plus qu'une route à traverser avant d'attendre le restaurant, mais c'était aussi la route où il y avait le plus de voiture qui passait par là, et pas toujours à la bonne vitesse d'ailleurs.

Le déménagement… J’hochai la tête, pas vraiment certaine de ce que j’allais en dire. Ce putain de déménagement qui avait marqué la fin de ma vie de gentille adolescente sans problèmes.

« J’habitais à Niigata avant, expliquai-je d’un air détaché. J’ai déménagé à Tokyo à mes seize ans, pour le travail de mon... père. »

Je ne croyais pas avoir déjà parlé de ce déménagement à qui que ce soit auparavant. Ça n’était pas douloureux, mais ça me mettait souvent en colère. C’était cette année-là que j’avais commencé à haïr mes parents. C’était de là que venaient toutes mes conneries. La guitare, c’était pas une passion pour moi. C’était une rébellion.

« Ouais, je suis en musique, acquiesçai-je en fixant la route devant moi. Mais tu risques pas de m’entendre de sitôt, j’aime pas qu’on m’écoute. »

Attendant que la voie se dégage un peu, je commençai à jouer avec une de mes mèches de cheveux rougeoyantes, la faisant rouler entre deux doigts comme j’aimais le faire avec les cigarettes. Et puis, voyant le champ libre, je commençai à traverser la route en jetant un coup d’oeil au jeune homme.

« Et toi ? demandai-je. Tu es en quoi ? Ah, attends, laisse moi deviner… Boxe ? »

Je lui adressai un sourire taquin, faisant allusion à cette nuit où il m’avait galamment défendue. Mais je voyais bien Kaemon en sport, bâti comme il l’était il devait bien savoir faire usage de ses muscles...

"Niigata. Ça fait une petite trotte." répondit le garçon. "Et ne semble pas très enchanté d'avoir déménagé."

Ce qui pouvait se comprendre. Quitter ses amis, sa vie n'était pas la chose la plus facile à faire. Encore plus lorsqu'on y est contraint. Il n'en dit pas plus sur ce sujet, ne désirant pas attrister Sam. S'il la faisait sortir c'était pour lui changer les idées, par pour lui faire pensait à toutes les choses qui n'allaient pas dans sa vie.

"C'est très égoïste de ta part." rétorqua Kaemon sans cesser de sourire.

Il disait ça simplement pour la taquiner. Après tout, lui non plus ne pas montrer son art aux autres. C'était quelques choses de privé. D'intime. La musique de Sam pouvait évoquer ses sentiments tout comme les dessins de Kaemon montrer d'une manière subjectif ou pas une partie de sa vie, de ses problèmes qu'il garde pour lui.

Sans même qu'il se rende compte, Sam traversa la route. Il y avait encore de la place entre elle et la voiture qui venait mais cela suffit à faire paniquer le garçon. Il attrapa la musicienne par le bras et l'emmena de l'autre côté de la route.

"Fait un peu attention, bon sang !" s'exclama Kaemon avant de lâcher son bras.

Sans doute s'était-il un peu emballer mais il n'y pouvait rien. Il était hors de question qu'il revive ce qu'il avait vécu. Il respira doucement et attendit que son coeur se calme avant de reprendre un air plus chaleureux.

"Boxe ? Pourquoi pas..." dit-il finalement. "Une autre proposition à faire ?"

En effet il avait déjà fait un peu de Bose par le passé. Elle l'avait surement remarqué lors de leur première rencontre. Enfaite, il avait testé un peu tous les sports. C'était d'ailleurs plutôt flatteur qu'elle le voit en section sport. Avant ça, il ne se serait jamais cru "artiste". Pour lui, les gens en dessin avaient une certaine image de personne rêveuse et romantique qui ne lui ressemblait pas vraiment.

Quand Kaemon m’eut emmenée jusqu’au trottoir, je me dégageai sèchement. Mais j’avais fait attention ! C’est bon, j’avais pas cinq ans, je pouvais traverser la rue sans son aide !

« Tu prends ton rôle de baby-sitter un peu trop à cœur. » grommelai-je en me frottant le bras, sur lequel il avait tiré un peu trop fort.

Je ne comprenais pas sa réaction, ni la raison pour laquelle il paraissait aussi furieux. Pourtant il n’y avait pas de danger imminent, et la voiture qui nous dépassa ne roulait pas à une vitesse délirante. Vexée qu’il me prenne réellement pour une gamine, je rajustai la sangle de mon étui sur mon épaule et poursuivis mon chemin. Je faisais souvent la conne, certes, mais je n’étais pas complètement irresponsable.

Et puis, la voix de Kaemon se faisant plus douce, je soupirai et mis de côté mon agacement. Après tout, c’était plutôt gentil de sa part de s’inquiéter pour moi.

« À part du sport ? fis-je avant de me retourner pour le détailler de haut en bas, un sourire en coin éclairant à nouveau mon visage. Je sais pas, mannequinat ? »

Bon, ça m’aurait étonnée, puisqu’il n’avait pas l’air de quelqu’un qui aimait mettre son corps en avant, mais je ne voyais pas vraiment ce qu’il aurait pu faire en-dehors d’une section sportive. Peut-être de la musique ? De la guitare, comme moi ?

"Je suis désolé. Ce n'est pas que je te prends pour une gamine je..." répondit-il " je ne fais pas trop confiance au voitures."

C'était un peu vague comme excuse mais c'était tout ce qu'il lui répondit. Il n'allait tout de même pas dire : "Hey ! Désolé mais ma sœur c'est faite faucher par une voiture un jour et je l'ai retrouvé ensanglanté dans la rue devant chez nous alors que le chauffeur fuyait. J'étais totalement seul et elle était dans le coma. Sinon tu préfères des yakitoris ou du teppanyaki ?"

"Du mannequinat ?!" Ria Kaemon.

Il ne se trouvait pas spécialement moche mais il n'avait pas non plus le physique pour être mannequin. Loin de là. Et elle le savait certainement mais elle ne devait pas voir où il était réellement.

"Je suis en art visuel." dit-il finalement. "Je dessine. Je peins aussi mais beaucoup moins."

Au bout de quelques minutes ils se trouvèrent devant le restaurant. Kaemon ouvrit la porte et laissa passer Sam. Dans ce lieu il était certain qu'elle peut trouver son bonheur car il y en avait pour tous les gouts. Ce n'était pas un restaut chic mais plutôt familial où les prix était plus que raisonnable pour de jeune étudient ou des familles nombreuses. La décoration ne plaisait pas spécialement au garçon mais il était là pour la nourriture pas pour observer les murs d'un orange écaillé à certains endroits. En dehors de cela, la pièce était propre même si elle était un peu veillotte.

Mon sourire s'élargit encore lorsque Kaemon s'esclaffa. Oui, ce que j'avais dit paraissait assez absurde, mais ça n'était théoriquement pas improbable.

« Ben oui, du mannequinat, insistai-je. T'es pas trop moche, tu pourrais t'en sortir. »

Mes propos étaient, jusqu'à aujourd'hui, ce qui s'apparentait le plus à un compliment. Je réprimai un rire et suivis le garçon à travers les rues de Tokyo. Ainsi donc il était en dessin ? Je ne m'attendais pas à ça. Kaemon n'avait pas tout à fait le profil que j'attendais d'un artiste, mais les gens pouvaient tous se révéler surprenants.

« À choisir, je te voyais mieux en mannequinat. » lui fis-je remarquer, à demi-sérieuse.

Nous arrivâmes finalement au restaurant, qui n'était décidément pas si proche du lycée que ça. C'était un endroit simple, et pas franchement moderne, mais si Kaemon m'y emmenait c'est que la cuisine n'en était pas moins bonne. À moins qu'il ne veuille m'empoisonner, ou me refiler une gastro magistrale, mais ça m'aurait étonnée de sa part.

« Tu me montreras des dessins ? » m'enquis-je, curieuse.

"Pas trop moche ?" fit-il d'un air faussement vexé. "Comme si je ne t'avais pas vu bavé devant mon torse la dernière fois."

Elle n'avait pas bavé mais elle avait laissé échapper un "Joli" en le voyant à moitié nu. Il n'avait jamais envisagé de devenir mannequin, ça ne lui avait même pas traversé l'esprit. Sa soeur, elle, aurait pu devenir mannequin si elle l'avait souhaité. Mais elle c'était orientée vers la danse, une pratique qui lui convenait parfaitement, du moins avant qu'elle n'ait eu un accident. La rééducation était dure et ce n'était pas en un an qu'elle allait rattraper tout ce qu'elle avait perdu. Elle n'avait pas seulement perdu ses compétences physique mais également sa mémoire. Si bien qu'a une période elle ne savait plus rien faire.

"C'est sur que je n'ai rien de l'artiste introverti et rêveur." répondit-il.

Peut-être était-ce parce qu'il n'était pas né pour devenir artiste. Son activité favorite avait été le sport. Il était même plutôt bon mais faire du sport voulait aussi dire partir pour faire des matchs et parfois ça pouvait être loin d'où il vivait. Or, le jeune garçon se devait de rester au côté de Mayu et de ses parents.

"Que si tu me fais écouter ta musique." dit-il spontanément à Sam.

Avec un peu de chance elle ne jouerait pas devant lui, alors il ne montrerait pas ses dessins. Mais au cas où elle accepterait, il y avait toujours certains de ces dessins qui étaient assez abstraits pour qu'on ne comprenne pas le message qu'ils évoquaient.Un serveur leur fit signe et Kaemon demanda une table pour deux. Ils s'installèrent à une table pret de la fenêtre et on leur donna le menu. Kaemon ne le feuilleta même pas car il savait déjà ce qu'il aller prendre. Les yakitoris. Il attendit néanmoins que Sam fasse son choix.

Voir Kaemon s’exclamer avec une mine vexée me rendit étrangement hilare. Monsieur était attaché à son physique, mine de rien… Narquoise, je continuai à le charrier.

« Doucement, je parlais de ton torse, pas de ton visage. » rigolai-je.

Le chantage que me fit le jeune homme ne m’étonna pas le moins du monde. À vrai dire, je m’étais attendu à cette réaction. Qu’avait-il à cacher ? Ses dessins étaient-ils trop personnels pour qu’il me les montre ? Ou bien étaient-ils à caractère… érotique ? Je pouffai, imaginant Kaemon se concentrer sur les courbes d’une femme nue. Peut-être collectionnait-il des croquis de ses conquêtes ? De plus en plus curieuse, je me mis à rire et lui déclarai :

« C’est un principe, personne ne m’écoute sinon je m’énerve. Après si tu tiens pas trop à la vie on peut toujours négocier... »

Le menu entre les mains, je fis mine de m’intéresser à son contenu avant de soupirer. Sérieux, quel temps j’avais à perdre avec ça ? Qu’on me serve des makis ou du sashimi, ça revenait au même. J’allais tout avaler sans me plaindre, parce que tout valait mieux que de crever de faim, excepté s’il s’agissait de la bouffe du lycée.

« Oh pitié, donnez-moi la même chose que lui, j’m’en fous ! J’ai faim ! »

"Oh s'il te plaît, comme si tu pouvais résister à ça." fit-il en montrant son visage, prenant un air exagérément charmeur.

Il plaisantait, il ne se trouvait pas du tout irrésistible et se douter que c'était également le cas de Sam. Mais il était obligé de répondre ainsi. Il n'était pas du genre à véritablement ce vexé lorsqu'on lui faisait une remarque.

"C'est un principe, personne ne regarde mes dessins sinon je m'énerve." dit-il en imitant son amie.

C'était totalement faux. Enfin...pas totalement. Il y avait certains dessins qu'il ne voulait pas montrer. Ils ne se trouve tous dans le carné qu'il garder toujours avec lui. Kaemon était relativement calme, cependant lorsqu'ont tenté de lui tirer les vers du nez, il pouvait se montrer particulièrement froid. Il ne le faisait pas spécialement exprès, c'était sa tactique de défense. Il voulait passer à autre chose et qu'on essaie de s'imiser dans sa vie ne l'aidée pas.

"Eh bien deux yakitoris." lança-t-il à l'intention du serveur." et deux verres d'eau." ajouta-t-il en regardant Sam.

Il savait que si elle voulait boire de l'alcool elle finirait par le faire, mais il avait quand même espoir que sa présence lui suffise à tenir le coup. Elle buver lorsqu'elle allait mal visiblement, alors peut-être qu'avec lui ce n'était pas nécessaire.

Quoi ? De l’eau ? Je haussai un sourcil. Pourquoi me regardait-il avec autant d’insistance ?Croyait-il que j’allais protester ? Vu les efforts que ça me coûtait de rester sage ce jour-là, c’en était presque insultant.

« Kaemon, soupirai-je. Si j’avais tenu à me bourrer la gueule, je ne t’aurais pas suivi. Je doute que ce restau soit aussi peu regardant concernant les lois liées à l’alcool que les bars que je fréquente d’habitude. J’ai pas encore atteint mes vingt ans. »

Au moment où j’avais accepté qu’il m’emmène ici, j’avais tiré un trait sur mon saké, mais il n’avait pas l’air de réaliser le sacrifice que j’avais fait pour le contenter.

« Tant pis, ajoutai-je. On s’amusera moins. Va pour deux yakitoris. Mais si je pouvais avoir un Coca avec je serais comblée. »

Je m’étirai comme un chat et laissai tomber mon front contre le bois de la table.

« Profite bien. Plus que neuf mois à tirer et tu n’auras plus ton mot à dire. »

Exactement... Plus que neuf mois à tirer et plus personne n'aurait son mot à dire. La majorité approchait, lentement mais sûrement, et je savourais par avance le goût de la liberté.

"Je pourrais te narguer d'ici là parce qu'il me reste plus que quatre mois avant de boire légalement de l'alcool." lança-t-il avec un petit sourire moqueur.

En vrai, ça n'avait pas tant d'importance que cela. Il connaissait des lieux où il n'avait pas besoin de carte d'identité pour boire de l'alcool, comme quasiment tous les jeunes. Et puis, atteindre le maori té signifié seulement qu'on pouvait faire légalement toutes les choses qu'on faisait déjà en secret.

Un nouveau serveur, assez beaux gosses, arriva et les serva.

"Un coca pour mademoiselle." dit-il en lui faisant un clin d'oeil.

Il donna l'eau à Kaemon en silence. Ce dernier regarda le serveur draguer ouvertement Sam et toussota pour lui rappeler sa présence. Non pas que ça le dérange réellement. Il ne sortait pas avec elle, sauf que ça, le serveur l'ignore. Il ne se gêne pourtant pas pour la regarder de cette manière, tel un chien en chaleur. Quand Kaemon toussota, il partit.

"Tu es au pensionnat depuis longtemps ?" demanda-t-il finalement.

« Ne t’avise même pas d’y faire allusion si tu tiens à la vie. » grommelai-je dans ma barbe tout en me redressant pour toiser Kaemon.

Cet imbécile trouvait toujours un moyen pour se moquer de moi. Je lui en aurais volontiers fait passer l’envie, et ce de façon définitive, mais lorsque je voyais son sourire taquin je n’arrivais pas à me mettre en colère. Dieu qu’il était craquant quand il le voulait ! Ce gars-là avait tout pour lui, ou du moins tout ce qui pouvait faire rêver une fille. Belle gueule, costaud, intelligent, prévenant, drôle… Et fortuné, avec ça. Il ne lui manquait plus que la célébrité. Je poussai un soupir excédé et reportai mon attention sur le serveur qui déposait un verre de Coca devant moi.

« Un Coca pour mademoiselle. »

Mon regard alla du serveur au verre, puis à Kaemon. Avais-je rêvé ou ce canon venait de me faire un clin d’oeil ? Et c’était quoi cette façon de me dévisager ? Il me reluquait ? Alors ça, c’était un comble. Il voulait quoi, que je me lève et que je lui saute dans les bras parce qu’il avait eu l’extrême amabilité de faire son job en m’apportant une boisson ? Que je le prie de s’assoir à la place de Kaemon pour qu’il puisse me faire du pied à son aise ? Agacée, je repoussai le verre et le troquai contre celui de mon ami. Enfin, dans la mesure où on pouvait considérer notre relation comme de l’amitié. Et adressant un de mes regards les plus noirs au serveur - et il y avait du niveau - je lui désignai une table où des clients semblaient attendre leur tour.

Quand il toussota, je remarquai que Kaemon n’avait lui-même rien perdu de l’attitude légèrement déplacée du serveur, et qu’il semblait tout aussi agacé que moi. Jalousie ? Probablement pas, mais cela suffit à me faire rire.

« Environ quatre mois, répondis-je tout en buvant une gorgée d'eau. Mes parents voulaient se débarrasser de moi et ils ont rien trouvé de mieux que de m’envoyer en pension. »

Mais je n’étais pas celle qui irait s’en plaindre. J’étais bien mieux comme ça, et ma famille était loin de me manquer. Au moins, ici, j’avais la paix.

« Et toi ? J’avais l’impression de t’avoir déjà vu la dernière fois, t’es là depuis quand ? »

"Si tu me donnais un centime à chaque fois que tu me menacer, je serais déjà riche." déclara le garçon.

Kaemon avait déjà pas mal d'argent mais il ne se considérait pas comme riche. Ses parents étaient riches. Pas lui. C'était aussi pour cela qu'il travaille. Il voulait commencer à se débrouiller par lui-même. À une époque, il se serait contenté de demander des chèques à son père mais il avait changé. La vie était un mot qui avait gagné du sens lorsqu'il avait cru perdre sa sœur pour toujours.

Visiblement, Sam n'appréciez pas le regard insistant du serveur. Elle se montra particulièrement froide envers lui et il fallait avoué que ça faisait plaisir à Kaemon.

Lorsqu'elle évoqua ses parents, le dessinateur sentit une tension dans sa voix. Elle ne semblait pas les apprécier et cela fit de la peine au garçon. Il n'était pas en droit de dire quoi que soit mais il se souvint qu'avant son accident, il détestait sa sœur. Et il trouvait dommage que Sam perdre du temps à les haïr alors que plus tard elle le regretterait surement.

"Mais ce sont tes parents." dit-il doucement.

Il n'avait aucune idée de ce qui avait pu se passer entre eux mais peut-être qu'elle se tromper sur eux. Certes, certains parents craignaient. Il avait eu des amis, et des non-amis comme Scarlet qui avait eu au moins un parent sur lequel on ne pouvait pas compté, mais ces cas étaient plus rares. Généralement c'était les enfants qui se monter la tête pour rien.

"Ça fait seulement quelques semaines que j'ai intégré le pensionnat. Alors je doute qu'on se soit déjà croisé là-bas. Mais tu m'avais aussi l'air familière."

J’étais passée volontairement outre la remarque étonnamment pertinente du garçon. Oui, c’était mes parents. Certes. Mais je ne pouvais pas les blairer, et je n’avais pas besoin qu’il me le reproche. Une colère sourde grondait en moi et me pourrissait le cœur depuis trois ans. J’avais foutu ma vie en l’air en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, et la Nayumi que j’étais autrefois n’avait rien à envier à la Sam que j’étais devenue. Mes anciens amis ne m’auraient sûrement pas reconnue s’ils m’avaient vue aujourd’hui. Mes cheveux rouges, mon regard noir, mon style grunge, le caractère que je m’étais forgé à grand renfort d’agressivité… Pour rien au monde je n’aurais accepté que qui que ce soit me fasse une remarque quant à mon comportement envers mes parents. Alors, pour le bien de Kaemon, mieux valait qu’il s’en tienne à cette unique réflexion.

Pendant qu’il m’affirmait que je lui étais familière, je tendis la main vers son verre - jadis mon propre verre de Coca - et le ramenai vers moi pour le siroter tranquillement.

« Mmh, toi aussi tu as eu cette impression ? » m’étonnai-je.

Je tentai de rassembler mes souvenirs pour me rappeler où j’avais déjà pu voir son visage, mais rien ne me venait en tête.

« Si on a déjà couché ensemble je devrais m’en souvenir, quand même… »

Les yeux plissés, je dévisageais le jeune homme, les lèvres posées sur le rebord du verre.

"On n'a pas couché ensemble." répondit spontanément le garçon.

Elle avait dit cela comme si elle coucher avec n'importe qui n'importe quand. Si elle avait couché avec lui elle se serait tout de même souvenue de son nom, non . Il observa plus attentivement Sam. Peut-être pas finalement. Elle était du genre à trainer seul dans les rues le soir dans un quartier dangereux alors elle était certainement capable de coucher avec des inconnus.

"Et puis, tu ne vivais pas à Tokyo avant alors je ne sais pas comment on aurait pu ce croisé." déclara-t-il.

Pourtant son visage était familier et ça l'agacer réellement de ne pas se souvenir où elle avait pu la voir. Ses deux dernières années Kaemon n'allaient plus à l'école et faisaient des cours par correspondance pour pouvoir rester à l'hôpital aux côtés de sa soeur. Le serveur interrompu le cours de ses pensées en leur apportant le repas. Enfin ! Il mourrait de faim.

"Itadakimasu."

Kaemon réagit avec tant d’empressement que je ne pus réprimer un rire moqueur. On aurait dit, à son expression, que j’étais une de ces filles qu’on s’interdisait formellement de toucher, soit parce qu’on ne pouvait pas savoir où ça avait traîné, soit parce qu’elle ne valait même pas la peine d’être regardée. Ou alors peut-être que dire ce genre de choses à voix haute le mettait mal à l’aise ?

« Quoi ? Ce serait si terrible que ça ? » ricanai-je.

Après tout, c’était des choses qui pouvaient arriver à n’importe qui. Coucher ensemble, se retrouver par hasard quelques mois plus tard et ne pas se reconnaître. Qui sait, peut-être même que ça m’était déjà arrivé sans que je ne le sache ? Je n’étais pas du genre à laisser mon numéro aux hommes chez qui je passais la nuit.

« J’oublie facilement un mauvais coup. » murmurai-je tout en réfléchissant, les yeux dans le vague.

Tout à coup, l’odeur de la viande grillée me chatouilla les narines, et je me repris. Dévorant des yeux l’assiette de yakitoris, je remarquai au passage que le serveur tentait d’intercepter mon regard. Grommelant quelque insanité, je me tournai vers lui et lui fis signe de dégager en vitesse, ce qu’il fit sans insister.

« Itadakimasu ! » répliquai-je du tac-au-tac alors que Kaemon attaquait le plat.

M’emparant d’une brochette, je croquai dans un morceau de viande et soupirai de bien-être. Ah, ça faisait un bien fou ! Sans plus tarder, j’engloutis le reste de la première brochette.

"Ce n'est pas ça. C'est juste que je me souviens avec qui j'ai coucher. Et tu n'en fais pas partie, j'en suis certain." répondit-il.

Sam était belle alors oui, il n'y aurait rien de terrible de coucher avec elle en soit. Mais ça faisait longtemps qu'il ne couchait plus à droite à gauche. D'ailleurs, il ne l'avait fait que rarement par le passer. Il lui était arrivé de se retrouver dans le lit d'une fille lorsqu'il avait trop bu, mais c'était très rare, et il se souvenait du peu de fois où il avait fait ça.

"Crois-moi, tu ne m'aurais pas oublié." répliqua Kaemon en lui faisant un clin d'oeil.

Lorsque la nourriture fut enfin arrivé, Sam la dévora avec une rapidité si impressionnante que Kaemon se demanda si elle ne s'était pas entrainé à manger si vite. Comment un corps si petit pouvait engloutir des choses à cette rapidité. Il venait à peine se commençait sa brochette quand elle finit la sienne.

"Doucement Speedy, tu vas finir par t'éttoufer." lâcha-t-il avec un sourire amusé.

Et modeste, avec ça ! Kaemon se considérait donc comme un bon coup, du moins c’est ce que sa remarque laissait à penser. Je me doutais bien qu’il n’était pas du genre à s’envoyer des roses, alors il s’agissait sûrement d’une plaisanterie. Mais peut-être était-il sérieux, au fond, qui sait ? Le seul moyen d’être fixé était toujours de vérifier par soi-même… J’esquissai un sourire. Je ne m’imaginais pas un Kaemon nul au lit, de toute façon. C’était ridicule, puisque les gens à qu’on jugeait trop vite finissaient souvent par nous décevoir, mais pour user de ses charmes comme il le faisait, il fallait avoir une certaine confiance en ses capacités.

Pour ma part, je ne me faisais pas d’illusion. Je n’avais pas ça dans le sang, mais j’avais appris à me débrouiller. Le sexe, c’est comme tout. Ça s’apprend. Et chaque nouvelle expérience nous fait progresser.

Laissant là mes égarements peu recommandables, je me concentrai sur la saveur du plat. J’étais affamée, et j’aurais pu continuer à m’empiffrer de la sorte pendant longtemps si Kaemon ne m’avait pas interrompue.

« Doucement Speedy, tu vas finir par t’étouffer. »

« Ça fait deux jours que j’ai rien avalé, mourir d’étouffement serait une bénédiction. » lui répliquai-je sans prendre la peine de le regarder.

Cependant, sa remarque eut l’effet escompté ; je ralentis le rythme jusqu’à prendre le temps de bien mâcher chaque morceau. Sinon, j’allais finir par avoir mal au ventre, et je ne tenais pas à rendre mon déjeuner sur le jeune homme.

« Est-ce que… tu te plais à Miyusaki ? » m’enquis-je pour donner l’illusion d’avoir quelques notions de civilité.

Le garçon était nouveau, au point qu’il n’avait pas l’air de savoir où se trouvait le réfectoire. Mais ça n’était pas vraiment une grande perte. Quoi qu’il en soit, il avait bien dû rencontrer du monde. Contrairement à moi, il paraissait sociable, et ne devait pas avoir trop de problèmes à se faire des amis.

"Deux jours seulement ?" dit-il en lui lançant un regard plein de soupçon. "Tu as maigri depuis la dernière fois."

D'ailleurs, cela l'avait quelque peu inquiété. Mais comme elle semblait avoir trouvé l'appétit, le jeune homme était soulagé. Il fallait qu'il cesse de s'inquiéter pour elle mais elle semblait être un aiment à problèmes. Il avait l'impression que s'il l'a quitté des yeux une minute, elle allait s'attirer des ennuis. C'était un mauvais pressentiment qu'il avait et il espérait se tromper.

"Eh bien, oui. Le pensionnat est plutôt pas mal." dit-il, étonner par sa question. "Je connais un garçon là-bas. On est ami depuis longtemps mais on ne c'était pas parler depuis un moment avant que je le croise dans le café où je travaille. il s'appelle Taichi, tu le connais ?"

Ce garçon était sans doute la seule personne qui était au courant pour Mayu. Il avait été là et était resté avec lui quand les choses n'allaient pas bien. Kaemon était du genre à rejeter le soutiennent des autres mais il avait accepté celui de Taichi. Et savoir que Scarlet, une fille qu'il ne pouvait pas supporter, lui avait brisé le coeur, ça le tuer.

« J’ai toujours été trop maigre, éludai-je. T’en fais pas pour moi. »

Et comme pour le rassurer, je croquai à nouveau dans un yakitori. J’étais maigre, pas tellement jolie, et j’avais peu de poitrine. Pas étonnant qu’on me croie malade, voire anorexique. Je n’avais pas de force dans les bras, mais je me défendais très bien avec les mots. Ma langue sifflait, tranchait, c’était une arme que j’avais appris à manipuler comme il se doit.

Je fus étonnée d’apprendre que Kaemon travaillait dans un café. En quoi pouvait-il bien avoir besoin d’argent ? Sa famille paraissait riche, et les études devaient déjà lui demander pas mal d’investissement.

Au nom de Taichi, je posai un regard surpris sur le garçon. Je ne le connaissais pas personnellement, mais il y avait tant de bruits qui couraient à son propos en ce moment, que je ne pouvais pas ignorer son existence. Je n’avais pas d’ami avec qui colporter les derniers ragots, mais ma curiosité me poussait à laisser traîner mes oreilles çà et là.

« Tôgashi ? C’est pas celui qui s’est fait tromper par Thorne ? »

Cette histoire avait fait beaucoup de bruit, mais toutes ces rumeurs, si je n’étais pas sûre qu’elles soient fondées, ne m’avaient pas vraiment offusquée.

"Tu es très bien comme tu es." dit-il. "Mais continue à manger."

Il n'aimait pas trop faire des compliments. Généralement, personne n'a besoin qu'on gonfle son estime, d'ailleurs beaucoup avaient besoin qu'on le dégonfle. Mais il avait senti que Sam n'était pas à la pêche au compliment alors il se permit de lui dire ce qu'il pensait. Et puis, comparait à sa soeur lorsqu'elle était malade, la jeune fille n'était pas maigre. Et puis, il y avait toutes ces personnes qu'il avait croisées à l'hôpital. Il reconnaissait la différence entre être mince par maladie et être naturellement mince.

"Cest ça. Eh bien, je connais les deux. Mais ça doit faire un peu de moins de deux ans que je n'ai pas croisé Scarlet." annonça-t-il.

Il avait envie de rajouter un petit "vaut mieux pour elle" mais se retint. Il n'avait pas pour habitude de détester des personnes. Normalement, si quelqu'un l'agacer il l'a rayé tout simplement de son cerveau mais elle, il n'arrivait pas. Il se sentait trahi alors que c'était sa soeur qu'elle avait trahie. Peut-être était-ce parcequ'a une époque il l'appréciait. Elle était d'ailleurs la seule amie de sa soeur pour laquel il avait un minimum de considération. Mais c'était partie. Rongé par la haine et le mépris.

Je souris au compliment de Kaemon. Décidément, il était trop gentil. Un jour, ça finirait par se retourner contre lui, parce que tout le monde n’était pas prêt à se donner autant qu’il se donnait lui-même pour les autres. Tout le monde n’avait pas sa gentillesse, et à force de trop en faire, il risquait de de retrouver déçu de l’ingratitude des autres. À commencer par la mienne. Mais je n’étais pas comme lui, je n’étais pas quelqu’un de foncièrement bon, et ça m’aurait arraché la langue de reconnaitre que je ne m’en serai jamais sortie sans son aide.

Kaemon connaissait aussi Scarlet, alors ? Je ne la connaissais pas personnellement, mais je l’avais déjà vue plusieurs fois au pensionnat. Elle avait l’air d’une fille comme les autres, ni plus ni moins. Et je n'aimais pas les gens trop communs. Au moins, cette fille avait réussi à se faire remarquer, maintenant tout le monde parlait d'elle.

« Tu connais trois personnes du lycée, alors... Je comprends pas pourquoi ils font des montagnes de cette histoire, déclarai-je d’un ton neutre. C’est le genre de choses qui arrive souvent, y’a pas de raison pour que tout le monde s’acharne à dire que c’est une traînée. »

Je pris encore une bouchée de riz et ajoutai :

« Les gens devraient pas se mêler de choses qui les regardent pas. »

"En temps normal j'aurais été d'accord avec toi mais..." commença le garçon "cette Scarlet

c'est vraiment un cas. À croire qu'elle cible des personnes gentilles et s'amuse à mettre des couteaux dans leurs dos dès qu'elle le peut."

Il défendait à la fois Taichi et Mayu. Taichi parce qu'il avait eu le coeur brisé à cause de cette garce alors que sa seule erreur avait été de succomber à son charme, Mayu parce que même si cette dernière n'avait pas été un ange, elle avait été à l'écoute de Scarlet. Elle avait même été la seule à l'être.

"Ok, je veux bien qu'elle ait eu des problèmes par le passer mais tout le monde en a d'une certaine façon. Ça n'excuse pas ses gestes." dit-il finalement en mangeant.

Avant que Sam le dise, il ne savait pas que Scarlet était traité de trainée et le mot était peut-être fort compte tenu des circonstances mais au fond, il n'était content qu'elle subise ce qu'elle mériter. C'était méchant de sa part et pendant quelques secondes s'en voulu avant de se rappeler la soudaine disparition de Scarlett lorsque ça soeur était dans un sale état.

"Elle est riche, son père est à la tête d'une sociéter américaine implantée au Japon, alors mademoiselle se croit toute permise."

Je ne m'attendais pas à ce que Kaemon se montre si dur envers cette fille. Apparemment, Scarlet n'avait pas été tendre avec lui non plus. Je me demandais ce qu'elle pouvait bien être, ou avoir été à ses yeux. Une amie ? Une ex ? Il avait l'air vraiment préoccupé par cette fille, et ça m'étonnait de sa part. C'était assez étrange de le voir remonté contre quelqu'un, compte tenu de ce que j'avais vu de lui. Mais je ne connaissais pas Scarlet moi-même, alors s'il la critiquait ainsi, c'était probablement mérité.

«Les personnes gentilles se font marcher dessus tôt ou tard. » énonçai-je simplement.

À ses dires, Scarlet n'avait aucune pitié, et ça dépassait sans doute toute cette histoire avec Taichi. Si Kaemon avait autant de ressentiment envers elle, il était évident que l'attitude qu'elle-même avait eue envers Taichi ne le laissait pas de marbre. Ça devait s'ajouter à son propre vécu avec Scarlet.

« Qu'est-ce qu'elle t'a fait ? » demandai-je sans me préoccuper de savoir si c'était quelque chose dont le garçon refuserait de parler.

Après tout, Kaemon paraissait avoir le cœur lourd depuis que nous avions abordé le sujet.

C'était donc ainsi quel le voyait ? Trop gentil ? Ce ne serait pas étonnant qu'elle pense cela. Après tout, depuis qu'il la connaissait, Kaemon avait tout fait pour aider Sam. Il avait pris des risques et n'avait rien demandé en retour. Seulement, elle se trompe. Il était loin d'être de ces personnes qui se faisait marcher dessus encore moins par une fille comme Scarlet.

"Donc c'est comme ça ? Soit tu es un bizu soit tu es un démon ? Parce qu'il n'y a pas de juste milieu peut-être ?" rétorqua le garçon.

Pourtant, il avait l'impression d'être ni l'un ni l'autre. Juste une personne qui pouvait être bienveillante autant qu'elle pouvait créé des ennuis. Une personne qui ne se constitue pas seulement de deux masques.

"Elle était amie avec ma soeur et elle l'a laissé tomber. Elle sortait avec Taichi et elle l'a trompé. Voilà ce qu'elle m'a fait." dit-il avec de la tensions dans la voix.

Techniquement, elle ne lui avait rien fait à lui personnellement et sa réaction était sans doute disproportionnée, mais ainsi était Kaemon. Ses émotions pouvaient être amplifiées lorsqu'il se faisait du souci ou que l'ont toucher à un être chere. Avec ce qu'il savait sur Scarlet, il aurait peut-être dû être indulgent mais il n'y arrivait pas.

Le ton du garçon ne me plaisait pas du tout. Si Kaemon commençait à se montrer agressif, j’allais vite me braquer à mon tour, et ça n’annoncerait rien de bon. Au moins, j’avais vu juste, il prenait cette histoire un peu trop à cœur pour qu’elle se résume à ce qu’il m’en disait. Mais si Thorne avait trahi sa sœur, puis un de ses meilleurs amis, il était évident qu’il ait un clair ressentiment envers elle…

Je pouvais comprendre que parler de tout ça ne le ravirait pas forcément, mais cette espèce de saute d'humeur soudaine me fit l’effet d’une douche froide. Pourquoi fallait-il qu’il réagisse comme ça ? Je n’avais insulté personne, et je ne pensais pas avoir tort. Être gentil n’impliquait pas être un bizu, j’avais simplement voulu dire que des gens mal avisés pouvaient plus aisément manipuler ceux qui se montraient bons envers eux. Sourcils froncés, je posai mes baguettes sur la table et déclarai :

« Je dis juste que certains se montrent beaucoup trop gentils envers des personnes qui ne le méritent pas forcément, et ça peut facilement se retourner contre eux. Visiblement, ta sœur et Tôgashi ont été trop gentils, et Thorne s’est permise de jouer avec eux. Si tu te mets à nu, que tu donnes tout alors que tu reçois rien en échange, tu es quelqu'un de bien, mais tu es en position de faiblesse. C'est le souci de l'honnêteté, il faut se méfier de tout le monde. »

» [Terminé] Tu es mon rayon de soleil. [Hanako, Teppei & Taichi Tôgashi]
» Confession de Kaemon
» [TERMINEE]"Quand l'histoire se répète..." [Sam & Kaemon]
» "Avoues, tu es tomber sous mon charme !" [Hanna & Kaemon]
» [Terminé] I am the architect of my own Destruction. [Kaemon Kitahara / Hanako O. Tôgashi]

"Les princes existent...mais seulement au rayon biscuits !"[Sam & Kaemon]

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