Une arête dans le maki. [Nao Inoue x Mineiti Ragnhild]

Lorsqu'elle y pensait, Mineiti ne pouvait s'empêcher de se dire qu'en fonction de la fatigue qu'elle éprouvait le bois de son pupitre pouvait devenir incroyablement moelleux et confortable. Sa session de japonais pour langues étrangères était terminée pour la journée et elle avait dû assister à un cours de japonais traditionnel barbant dont elle n'avait pas saisi le sens de ne serait-ce qu'un mot. Elle avait fini par perdre le fil et s'était retrouvée dans les vapes. Ça elle le devait encore à sa quasi-nuit blanche qu'elle avait passé à jouer à un otome acheté lors de son arrivée à Tokyo. Et, cherry on the cake, elle commençait à crever de faim.

Soudain la sonnerie retentit. Le professeur machin-truc-kawa baragouina quelques sermons en japonais et la déléguée demanda aux élèves de se lever et de saluer. Min exécuta l'ordre sans grand enthousiasme. Au Danemark personne n'avait à être aussi formel avec le corps-enseignant. Puis elle se précipita au dehors.
Les couloirs étaient bondés de monde. Min était réellement surprise par le manque de mixité dans les groupes d'amis qui se formaient ça et là. Les filles traînaient rarement avec les garçons et vice-versa. Il y avait rarement de groupe mixte. Elle ajusta son sac sur ses épaules et pressa le pas en direction du réfectoire, au rez-de-chaussée afin d'acheter un pain ou quelque-chose du genre. Elle avait oublié de faire les courses et aucune des radasses qui partageaient sa chambre n'avait accepté de lui céder quelque bout de viande froide pour qu'elle puisse se sustenter. Il allait falloir qu'elle raque dur.

Le réfectoire ressemblait plus à une cafétéria d'aire d'autoroute qu'à une cantine scolaire comme elle avait eu l'habitude de les fréquenter jusqu'à présent. Les élèves se pressaient en rang serré devant la vitrine contenant les précieuses victuailles.
Mineiti fouilla son sac.

- Lort, lort, lort, lort, lort... jura-t-elle dans sa barbe.

Elle avait oublié les quelques centaines de yens qui lui restaient dans sa chambre, et à cette heure-ci elle n'avait pas le droit de retourner au dortoir. Pas possible, elle était pourtant persuadée de les avoir pris !
Sans se dégager de l'allée, elle vida son sac sur le sol et se mit à fouiller en quête d'argent.

Nao est une élève assidue, respectueuse, calme (pendant les cours en tout cas) et sérieuse. Malgré son comportement, elle n'est pas de rang A pour rien. Assise contre le mur au deuxième rang, son endroit favori, elle écoutait attentivement le cours du professeur du professeur d'histoire. Elle prenait de rapides mais importantes notes sur son bloc-notes au fur et à mesure qu'il parlait. Ces feuilles de cours étaient claires et précises, bien organisées ce qui accentuait l'importance qu'elle apportait à ceux-ci. Nao ne savait pas réellement ce qu'elle comptait faire plus tard. Effectivement, si elle pouvait devenir mannequin officiellement ce serait le rêve mais elle savait qu'elle ne pouvait pas y consacrer sa vie : elle devait penser à son avenir, à un travail concret. De préférence où la compassion n'était pas nécessaire, ce n'était pas vraiment son délire. Quelques fois, la belle Inoue se voyait avocate. Elle pourrait facilement s'en sortir : entre manipulation des questions et sa rhétorique, c'était pratiquement chose faite.
Lorsque la sonnerie retentit, le professeur termina tranquillement son cours sans qu'aucun élève ne bouge et que tous continuent de noter ce qu'il disait. Une fois que ce fut fini, Nao rangea ses affaires dans son sac et se dirigea vers le réfectoire. Elle ne mangeait que rarement là-bas. La plupart du temps, elle se prenait un petit truc à manger et travailler en même temps. De toute manière, elle n'avait pas forcément envie d'être entourée d'inconnus tous plus ridicules les uns que les autres. Toutefois, ce midi là elle n'avait pas la tête à travailler. Fatiguée puisqu'elle avait révisé jusqu'à tard la veille, elle avait en plus cours de mannequinat jute après la pause du midi : elle devait se reposer avant ce cours et le retour aux dortoirs était, à son plus grand malheur, interdit.
Les étudiants étaient rangés en une sorte de rang qui n'avançait pas assez vite au goût de Nao qui commençait non seulement à s'impatienter mais également à s'irriter. Lorsque la fille devant elle renversa ses affaires au sol pour chercher je ne sais quoi, ce fut la goutte d'eau qui fait déborder le vase. "Reste calme Nao, reste calme". Elle inspirait profondément. Le rang avança et la brunette bouscula "involontairement" les affaires de la blonde d'un coup de pied.

- Oh mon dieu, je suis désolée !

S'écrie-t-elle. Il ne fallait pas qu'elle pose de problèmes avec son rang, par conséquent, elle était obligée de faire passer ceci pour accident. Toute personne la connaissant vraiment bien pouvait voir que son sourire censé être désolé était surtout narquois et qu'elle jubilait. Parfait, personne n'avait l'air d'avoir remarqué que le coup de pied qu'elle avait donné dans ses affaires était intentionnel. Puis, elle reprit la parole avec une voix "d'ange".

- Vous cherchez quelque chose ? Vous avez besoin d'aide peut-être?

Les étudiants la dépassaient en jurant, ce qui le mettait un peu mal à l'aise. Mais elle ne pouvait pas se présenter sans le sous devant la dame dégoulinante de graisse qui tenait la vitrine à bentōs. C'était un coup à se retrouver dans la même situation gênante que Futaba de Ao Haru Ride. Sauf que dans son cas, aucun beau brun ne viendrait à sa rescousse. Un bruyant "au suivant" retentit et le rang se pressa. Min tenta de rassembler rapidement ses affaires, mais une longue jambe balaya toutes ses affaires d'un coup d'un seul.

- Oh mon dieu, je suis désolée !

Mon cul pétasse. Min n'avait même pas besoin de relever la tête, elle imaginait déjà très bien à quel genre de nana pouvait appartenir cette jambe télescopique. Mais elle le fit quand même, juste parce qu'elle n'aimait pas beaucoup être dans le flou.

Un visage gracile encadré par une crinière couleur caramel. Ça devrait être interdit d'être aussi canon. Elle lui adressa un sourire angélique. Ce sourire, elle le connaissait. Elle en avait le copyright. Min l'utilisait toujours pour faire passer ses frères pour les grands coupables de ses propres méfaits - vomi de chat dans la ventilation, laxatifs dans le gâteau d'anniversaire de sa belle-mère, tout y passait.

- Vous cherchez quelque chose ? Vous avez besoin d'aide peut-être ?

Et ta mère, elle cherche quelque-chose ? Mineiti avait envie d'être vulgaire, mais puisqu'elle était une demoiselle distinguée, elle allait régler ça en consommatrice d'Earl Grey.

- Rah c'est pas vrai, s'écria-t-elle, mon argent était par terre et tu l'as envoyé valdinguer sous le comptoir ! Je peux pas le récupérer, comment je vais faire pour me payer à manger moi, maintenant ?!

Et l'oscar de la meilleure actrice dans un rôle dramatique est attribué à...
Elle avait crié bien fort pour que tout le monde l'entende. Les étudiants s'étaient retournés, et même la grosse cantinière fixait l'étrange duo d'un œil inquisiteur. Mineiti enfonça le couteau dans la plaie.

- C'était tout ce que j'avais pour payer mon repas de ce midi et maintenant j'ai plus rien. Mais pourquoi est-ce que tu as fait ça ?!

Si cette grande perche avait décidé de jouer aux connes, elle allait y jouer aussi.

Un des joueurs du rp n'étant plus actif, le sujet est archivé.