La chambre vide semblait jouer une triste mélancolie à l'oreille du garçon allongé sur son lit, une jambe redressée, le dos de la main droite posée sur son front. Il observait sans réelle joie le plafond, ayant préféré habiter le lit du dessus. Sur le rebord en bois se trouvait posé le bouquin Hamlet de Shakespeare. Comme si il fut en réalité la dernière chose pouvant encore tenir debout dans cette triste pièce.


Le faux lyrisme trônant mystiquement dans les paroles inaudibles du jeune homme permettaient de rendre compte de la tristesse de ce garçon aux yeux marrons, qui finirent par se fermer sur une perle salée qui glissait le long de sa tempe. Ainsi l'amour se détachait de l'homme, pour le crever en son sein. Ainsi ses bras démoniaques entouraient l'âme de l'enfant pour lui faire sentir toutes ses douleurs.

Je ne connaissais plus que le nom de Scarlet qui semblait être psalmodié à mon oreille par un esprit malin voulant me causer du tord. Mon esprit n'était qu'à son visage, et cette scène que je me remémorai sans cesse dans la douleur. Mon cœur me brûlait, mais mon esprit était bien trop endurcit pour encore verser des larmes. Je ne voulais plus m'abattre face à l'amour et à ses fourberies. Je vaincrait cette maligne, pour me défaire de ses liens, et oublier la souffrance. L'amour n'aura Taichi Tôgashi, comme elle a pu étreindre Roméo et Juliette.

Dans le silence de cette chambre, les vers s'enchaînaient, violents et doux en même temps. Je ne savais plus comment faire taire mes relans de sentiment, alors qu'au plus profond de moi, je pouvais sentir cette douloureux ronger le reste de bonheur qui pouvait encore habiter mon cœur.

La tristesse voulait s'encrer encore et toujours dans mon âme, alors que le silence amer s'oubliait dans ma solitude. Je fermai de nouveau les yeux, alors que quelqu'un venait frapper à ma porte.

J'ai levé les sourcils, en me redressant, hésitant à aller ouvrir. Je me résignai, pensant qu'il devait peut-être s'agir de Sakura-chan qui venait prendre de mes nouvelles, après avoir été à la douche. Je descendis l'échelle pour que mes pieds viennent toucher le sol dans la même grâce que le ferai une patte de chat venant fouler la terre.

Je me dirigeai vers la porte, avant de descendre la petite marche prévue pour mettre nos chaussures, et j'ouvris, me retrouvant face à... l'ange de mes démons. Le rêve de mes cauchemars. Le jour de ma nuit. Ma destruction et ma création. J'étais face à Scarlet.
Je remontai la marche, lui faisant signe d'aller plus vite, avant de se faire attraper et sermonner par un professeur passant dans le coin.

Je fermais la porte derrière elle, avant de remonter la marche, et de glisser mes mains dans mes poches lorsqu'elle s'assit sur un des lits inoccupés de la chambre. Je ne savais vraiment que faire, que dire. Je n'étais plus en droit de faire quoi que ce soit, elle avait eu le dernier mot l'autre fois. Elle m'avait douloureusement repoussé, alors que je me promettais de ne plus jamais tomber amoureux. Je m’ébouriffais nerveusement les cheveux, alors que le silence qui s'était installé entre nous était bien plus que pesant. Je lâchai un soupir, mal à l'aise.


Je croisais mes bras, ne sachant vraiment que dire de plus. Si avec ça je n'avais pas plus jeté un froid qu'à présent, il fallait m'appeler Dieu, vraiment. Je n'était qu'incertain, comme un enfant ayant fait plusieurs tours sur lui-même, et dont le monde n'arrêterait de tourner autour de lui. Déstabilisant comme sensation, autant le dire tout de suite. Elle me mettait mal à l'aise, face à elle je perdais tous mes moyens, et j'étais incapable d'aligner dans mon esprit trois mots corrects pour essayer de former une phrase.

Je me laissais glisser contre le cadre de bois, m'asseyant sur le sol en tailleur, et finissant par regarder de nouveau Scarlet. Mais pas vraiment dans les yeux. Mon regard s'est arrêté sur ses pieds, alors que je soupirai de nouveau. Ok, et maintenant, on va faire quoi ? Attendre qu'elle décide de partir parce qu'au final, elle trouve cela inutile de se parler, et que cela ne fera jamais avancé les choses ? Ou alors, elle m'avouait qu'elle préfère qu'on reste amis, et que l'on reprenne tout du départ ? Je ne savais plus où j'en étais. J'étais hanté par elle.

Elle me corrigea, et je la regardai dans le silence le plus complet. Si pour elle l'adjectif brutal correspondait mieux, pour moi, ce n'était point le cas puisque j'avais longtemps souffert de cette rencontre. Se rendait-elle compte, Ô combien il avait été difficile de me confesser, et de laisser tous mes démons derrière moi ? Je me le demande, et, à dire vrai, la seule réponse qui semblait vouloir m'échapper était le non. Toujours appuyé contre le lit, je ne trouvai pas réellement la force de la regarder dans les yeux. J'avais bien trop mal.

Je l'ai entendu se lever, et je l'ai senti toute proche de moi. Mon cœur s'est emballé, alors que je mordais ma lèvre inférieur, comme pour me retenir de certains démons qui voulaient lui hurler d'arrêter de me faire souffrir ainsi, et soit de rompre tout contact, soit de me dire la vérité en face. Celle que je ne voulais pas entendre, mais qui était indispensable si je ne voulais pas perdre Scarlet. Je baissais la tête, et finalement, mon regard se perdit tristement dans le sien, je lui adressai un petit sourire. L'art d'être comédien me permettait de cacher mes sentiments, lorsque je ne voulais pas les montrer. Elle finit par me parler, et je pense qu'elle croyait que j'allais deviner le sens de ses paroles. Mais, comprendre les femmes était pour moi quelque chose de tout simplement impossible, et, si sous-entendu il y avait, je serai la dernière personne en mesure de le déceler. 

Je ne sais pas pourquoi, vraiment pas, mais j'ai prié pour qu'elle me dise qu'elle voulait qu'on se mette ensemble, qu'elle désire être ma petite amie. Mais non, elle voulait trop reprendre à zéro. Je lui ai souris en acquiesçant, alors qu'au fond de moi, je lui hurlai que ce n'était pas ce que je voulais. Je ne me confesserai plus jamais. Jamais. En moi, une espèce de barrage s'est formée, pour me séparer des gens. Je ne m'attacherai plus. J'avais perdu Hanako, j'avais fait abstraction d'elle, je l'avais trahie, pour que l'on me trahisse juste après. 


Nous n'avions pas besoin de bien nous connaître pour nous mettre ensemble. Nous aurions eu le temps, en passant les mêmes moments que partagent les couples. C'est en étant avec la personne qu'on apprend à mieux la connaître, n'est-ce pas ? Mais là, tout était fini. Comment avais-je pu me faire des histoires pareilles, vraiment ? Je n'étais rien qu'un minable. Comment un homme comme moi aurait pu gagner le cœur d'une telle femme ? Je ne sais point pourquoi je l'avais tant espéré, mais aujourd'hui, je tombais de très haut, et la chute était violente, me tirant la douleur d'un amour impossible. 

Je continuais de lui sourire, faussement. L'heure tournait, il était peut-être temps qu'elle retourne dans son dortoir, à part si elle avait quelque chose à me dire, où, si elle voulait que l'on aille ensemble quelque part ensemble, même si ce n'était pas forcément le plus judicieux à une telle heure de la nuit.