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Dear Sekime...

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Anonymous
Invité
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MessageSujet: Dear Sekime... Dear Sekime... EmptyJeu 18 Déc - 12:34
Décembre 2014
Tokyo



Dear Sekime…


Le jour se lève. Lentement, péniblement, le froid de l’hiver renaissant semble rendre son éveil aussi difficile que celui de la ville qui s’anime peu à peu sous mes yeux, en bas, tout en bas dans la rue que je peux apercevoir depuis la baie vitrée de mon appartement. Tu ne l’as jamais vu mais je me souviens de l’avoir décrit dans le moindre détail lors de mon emménagement. Je vis seul, une maison serait trop grande, trop vide… Vivre au coeur de la ville me permet de me sentir moins isolé. A moins que ce ne soit le contraire…

Une fine couche de givre recouvre les carreaux ce matin. C’est à peine si j’ai fermé l’oeil de la nuit. Hypnotisé par les lumières de décorations de Noël, mes paupières ont fini par emporter la lutte contre mon esprit.

Le mois de décembre, la fin de l’année et ces fêtes joyeuses. C’est bientôt Noël, mais dans mon appartement, il n’y a ni décorations, ni sapins, ni le moindre symbole de ce folklore chrétien devenu objet de cette société de consommation. A quoi bon ? Pourquoi ces lumières et ces cadeaux pour n’avoir personne pour ouvrir les cadeaux aux pieds du sapin au réveil ? Qu’est-ce que Noël si une pièce n’est pas bercée par le rire d’un enfant ? Si une famille n’est pas illuminée par le sourire d’une mère ?

Ce matin encore, je t’écris ces quelques mots que tu ne liras jamais. C’est ainsi, je ne peux m’en défaire. Et en cette période de fête, ton souvenir se fait encore plus vif dans ma mémoire. Je ne compte les pages et les cahiers que j’ai pu de dédier depuis… Depuis près de douze ans déjà… Douze ans, ton souvenir me semble pourtant si près et à la fois si loin. J’ai peur t’oublier ton visage. Mes doigts cherchent à se rappeler le contact de ta petite main au creux de la mienne. Mes oreilles désespère encore d’entendre un jour ta voix. Je suis résigné. J’ai conscience du possible et de l’impossible. Et l’acceptation de la perte d’un enfant relève de l’impossible pour un père…

Sekime, hier j’ai vu de magnifique avion télécommandé, je suis certain que tu aurais adoré en avoir un en cadeau pour Noël. Mais aujourd’hui, tu aurais presque dix-neuf ans, aimerais-tu encore les avions ? Suivrais-tu une formation pour devenir pilote de ligne comme tu en rêvais tant depuis ton plus jeune âge ? Sekime, peut-être n’est-ce plus un jouet que je devrais alors m’apprêter à t’offrir mais un véritable petit avion privé ? Tu pourrais alors emmener ta mère voyager partout où elle le désire. Sekime… Où qu’elle soit à travers le monde, veille sur ta mère, s’il te plaît.


Oui, je sais que si je mets à pleurer, tu vas encore me demander de ta douce petite voix ce qu’il ne va pas, et je ne pourrais pas te répondre pour ne pas t’inquiéter, même si au fond, j’ai l’impression que tu savais déjà la raison de nos larmes. Celles que nous nous efforcions tant à te cacher pour que tu puisses vivre le peu de temps qui te restait pleinement…

Alors, je vais te raconter un peu mes dernières journées, comme nous le faisions par le passé, quand tu rentrais de l’école. Tu me racontais ta journée, et moi la mienne. Est-ce que nous serions restés aussi complices avec le temps ? Je me rends compte que l’adolescence est une phase difficile à laquelle sont confrontés tous les parents. Et aussi, les professeurs.

Comme je t’en avais parlé dans une de mes précédentes lettres, lorsque j’hésitais encore, et lorsque j’ai accepté, je suis donc devenu professeur dans un établissement « secondaire », même si un enseignement supérieur au-delà du diplôme y est dispensé. La disposition des classes et les élèves sont relativement différents de mes habitudes, mais c’est une nouvelle expérience pour me permettre de rajeunir un peu, n’est-ce pas ? En tout cas, j’ai l’impression que je ne suis pas au bout de mes surprises dans cette école. Je savais que l’une de ses particularités était l’accueil des élèves étrangers, mais je ne m’attendais à ce qu’ils soient aussi nombreux. Certes, ils sont toujours en minorité, mais si ma classe dont je suis le professeur principal est représentative de l’ensemble de l’établissement, cela constitue un pourcentage d’étrangers non-négligeable. Si les élèves parviennent à s’entendre et échanger sur leurs différentes cultures, je pense que c’est une chance pour eux dont ils n’ont probablement pas encore conscience.

Cependant, ce ne fut pas là ma plus grande surprise au cours de ma première journée. Une personne que tu connais toi aussi : ton cousin Jotaro ! Je dois dire que son apparition me fit l’effet d’un choc. D’une part, je ne m’attendais pas à le voir à Tokyo, encore moins dans ma classe. Pourquoi ses parents ne l’ont-ils pas inscrits dans un établissement plus huppé ? Qui plus est, la sécurité de cette école ne me semble pas adapté à un jeune garçon comme lui, le fils d’une sénatrice et de l’un des plus fortunés hommes du pays est une cible fort convoité… Peut-être que je m’inquiète un peu, mais je ne peux pas m’empêcher de vouloir veiller sur lui. Il avait seulement cinq ans quand tu es parti. Si je n’ai eu la chance de voir mon propre fils grandir, j’ai vu ce petit garçon. Il n’est pas mon fils, mais il est … Précieux et cher à mon coeur. Probablement plus que tout autre enfant, parce que dans son sourire, j’ai parfois l’impression de revoir le tien… Dans mon esprit, je ne peux m’empêcher de claquer l’image du jeune homme que tu aurais pu devenir sur la sienne. Ta mère me l’avait déjà reprocher il y a bien longtemps, ce travers d’affection que j’ai inconsciemment fait sur ton petit cousin pour pallier à la douleur de ton absence.

Aujourd’hui, ton cousin semble avoir bien changé, et pas tant que cela. Son apparence est différente de mon souvenir avant son départ pour l’Europe. Il faut dire que plus de deux ans ce sont passés depuis la dernière fois que je l’avais vu. Il commet des maladresses qu’il n’aurait jamais faites auparavant, cependant, il garde ce même caractère aimable et agréable, et ce sourire frais qui lui accorda toujours autant de grâce aux yeux des gens par le passé. J’ai essayé de discuter avec lui à la fin du cours, notamment pour en savoir un peu plus sur les raisons de son retour alors que je le croyais en France pour encore plusieurs mois, mais il n’a pas semblé vouloir s’épandre sur le sujet. Et, avec sa chaleur habituelle et poliment, il m’a même fait comprendre qu’il préférait que personne ne sache pour ce lien qui nous unit. Je n’ai rien dit, mais ton cousin m’a blessé sans le vouloir. Bien sûr, je peux comprendre son point de vue, - il en a d’ailleurs toujours été ainsi avec lui, il ne veux que rien ne puisse venir entacher son mérite - cependant, c’est dur de se sentir rejeter par un enfant qu’on aime tant. Ah les adolescents ! Sans doute aurais-je vécu de pareils moments, voire bien pires avec toi, si tu avais pu grandir ! Dire que dans cette nouvelle classe, ce n’est pas un mais une trentaine d’adolescents, de ceux qui se pensent déjà adultes sans vouloir l’être totalement non plus, auxquels je vais devoir me confronter… Cette nouvelle expérience s’annonce enrichissante. Je compte sur toi pour m’insuffler du courage, mon fils !



Repose en paix.


Ton père qui t’aime.
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